Chine : évolution en « K » de la conjoncture et des marchés
Par Jeremy Daltin, économiste chez Lazard Frères Gestion
Alors que l’économie chinoise avait fait preuve de résistance au premier semestre, les publications économiques pour juillet et août ont envoyé des signaux plus inquiétants, montrant un affaiblissement de la plupart des indicateurs. Le ralentissement provient surtout de la demande intérieure, avec un décrochage de la composante investissement des entreprises. Le secteur manufacturier exportateur fait quant à lui preuve de résilience, malgré le quadruplement des droits de douane américains.
Cette dégradation de la conjoncture contraste avec la dynamique très forte des marchés actions. Depuis le début de l’année, l’indice MSCI Chine est en hausse de 35%, tiré notamment par un engouement autour de la thématique de l’intelligence artificielle depuis le moment « DeepSeek ».
On observe ainsi une évolution en « K » de la conjoncture et des marchés, ce qui n’est jamais très rassurant pour un investisseur.
La baisse de l’investissement n’est plus circonscrite au secteur de l’immobilier mais touche également le secteur manufacturier. Cela pourrait être la conséquence des efforts déployés par les autorités pour essayer de limiter les problèmes de surcapacités industrielles et les pressions déflationnistes.
Les marchés actions saluent en partie cette rhétorique, car une remontée des prix serait de nature à soutenir les profits des entreprises. Mais l’équation est délicate pour le gouvernement, car cette politique risque de freiner la croissance à court terme, alors que l’objectif est de la maintenir à 5%.
Le scénario le plus probable est que les autorités ajustent le curseur en fonction de l’évolution de la conjoncture. Les autorités seraient également en train d’étudier un ensemble de mesures pour éviter que la hausse des marchés ne se transforme en une bulle vouée à éclater, comme ce fut le cas en 2015.
