D’où proviennent les bons résultats des banques européennes ?
Par Alexis Lautrette, Financial Debt Portfolio Manager chez Lazard Frères Gestion
En 2023, de nombreuses banques européennes ont enregistré d’excellents résultats, avec des bénéfices souvent au plus haut depuis 2007, voire à leur plus haut niveau historique.
Pour bien identifier les différents contributeurs associés à cette croissance des résultats, l’autorité bancaire européenne (EBA) a mis en avant dans son dernier « tableau de bord des risques » la décomposition de l’évolution du rendements des fonds propres (RoE) des banques entre le T1 2023 (10,4%) et le T1 2024 (10,6%).
Les revenus nets d’intérêt, directement liés au niveau des taux, ont naturellement eu une contribution positive sur la période. Les banques prêtant à taux fixe bénéficient d’une extinction progressive d’anciens prêts à taux faibles, remplacés par de nouveaux prêts à taux plus élevés. Dans d’autres pays, les banques ont bénéficié rapidement de la hausse des taux grâce à une structure de prêt majoritairement à taux variables.
Pour autant, l’effet positif des taux n’est pas aussi important que celui lié aux moindres contributions des établissements bancaires au Fonds de garantie des dépôts (DGS) et au Fonds de résolution unique (SRF). Ces fonds prudentiels ont désormais atteint leur cible (55 milliards d'euros pour le DGS et 80 milliards d'euros pour le SRF), après plusieurs années d’abondement de la part des établissements européens. La fin de cette contribution au T1 2024 a permis aux banques d’augmenter leur RoE de 1,3%. La base de coûts des banques restera désormais significativement plus faible grâce à l’achèvement de cet effort réglementaire.
On notera enfin la contribution négative de la catégorie « Others (incl. tax) », celle-ci étant principalement liée à l’instauration du nouvel impôt espagnol sur les bénéfices exceptionnels du secteur bancaire. Début 2024, les banques espagnoles ont comptabilisé au T1 l'impôt dû au titre de l’ensemble de l’année fiscale. À partir du prochain trimestre, cet impact comptable aura disparu et le ROE des banques européennes devrait mécaniquement remonter autour de 12%, toutes choses égales par ailleurs.
