La bonne santé du secteur bancaire européen
Par Scander Bentchikou, Analyste-gestionnaire chez Lazard Frères Gestion
Après 13 années de sous performance marquées par la crise financière de 2008 et la crise des dettes au sein de la zone euro (2010-2012), les banques européennes affichent, pour la troisième année consécutive, des performances solides. L'indice EuroStoxx Banks (SX7E) a grimpé de 33% depuis fin 2022, atteignant son plus haut niveau en près de cinq ans. Néanmoins, malgré la hausse récente, les banques européennes affichent depuis 2007 un total return (performance avec dividende réinvesti) de -71% (au 13/03/2024) contre +99% pour l’indice Eurostoxx.
Le redressement récent du secteur bancaire européen s’explique par la conjonction de multiples faibles et d’une excellente dynamique de résultats. Les résultats ont essentiellement été portés par (i) la hausse marquée des taux lancée par la BCE en 2022, (ii) une très bonne maîtrise des coûts, (iii) des pertes sur crédits (coût du risque) stables en raison de la baisse du taux de chômage, la croissance des salaires et la faiblesse des défaillances d’entreprise en dépit des crises récentes (Covid-19, invasion de l’Ukraine et crise énergétique) et (iv) un rebond notable des marchés actions. De plus, les banques des pays périphériques tels que l'Irlande, l'Italie et l'Espagne ont considérablement contribué à la croissance du secteur grâce à leur politique de prêts à taux variables indexés sur les taux à court terme.
Toutefois, le secteur bancaire demeure cyclique et ses résultats restent exposés à une potentielle dégradation de l’emploi, de la consommation, de l’investissement et des marchés de capitaux. Par ailleurs, le pic de net d’intérêt n’est plus très loin pour beaucoup de banques européennes, et certaines verront même leur net d’intérêt baisser dès cette année.
Par ailleurs, la sortie des taux négatifs a permis de restaurer durablement la fonction bancaire et ouvre une nouvelle ère de rentabilité pour les banques européennes, encore sous-évaluées à moyen terme. Les multiples actuels demeurent décotés, du fait d’une progression des résultats supérieure à celle des cours de bourse. En dépit des prévisions de baisse des taux au second semestre, ceux-ci devraient rester suffisamment élevés pour soutenir les marges des banques européennes.