Le secteur pharmaceutique se distingue de nouveau
Par Héloïse Rabasse, Equity Portfolio Manager and Pharmaceutical Sector Specialist chez Lazard Frères Gestion
Cette semaine, le secteur pharmaceutique a bénéficié d’un rebond notable sur les marchés actions, plusieurs valeurs américaines et européennes ayant progressé d’environ +10%. Au cœur de ce mouvement se trouve l’annonce, survenue mardi 30 septembre, d’un accord conclu entre l’administration américaine et le groupe Pfizer. Ce dernier sera exempté de droits de douane et pourra baisser de manière beaucoup plus limitée que prévu le prix de ses médicaments vendus aux États-Unis, en échange d’une promesse d’investissement de 70 milliards de dollars sur le sol américain.
La nouvelle a été très bien accueillie par le marché, permettant au secteur de la santé d’effacer une partie de sa contre-performance boursière de l’année 2025. En Europe, ce secteur affiche toujours à l’heure actuelle une décote notable et conserve ainsi son potentiel de rattrapage.
Depuis le début de l’année 2025, le secteur pharmaceutique était sous pression. D’une part, les laboratoires, très exposés au marché américain qui représente souvent 40% à 50% de leur chiffre d’affaires, étaient particulièrement concernés par le sujet des droits de douane américains. D’autre part, l’administration américaine avait fait part de sa volonté de baisser le prix des médicaments vendus aux États-Unis pour s’aligner sur les tarifs les plus bas pratiqués ailleurs dans le monde (« MFN Pricing »).
L’accord trouvé par Pfizer avec l’administration américaine atténue sensiblement ces risques en limitant les baisses de prix au seul programme Medicaid s’adressant aux plus démunis, déjà soumis à de fortes réductions, et au canal « direct to consumer », qui ne représente qu’une petite partie du marché. L’administration américaine semble ainsi prête à faire d’importantes concessions dès lors que ses interlocuteurs s’engagent sur un programme d’investissement sur le sol américain. Or, la plupart des acteurs du secteur ont déjà annoncé des projets d’investissement significatifs aux États-Unis, totalisant près de 400 milliards de dollars à ce jour. Cette évolution nourrit donc l’espoir que d’autres groupes pharmaceutiques puissent, à leur tour, obtenir des accords similaires dans un avenir proche.