Premiers signes des droits de douane dans l’inflation américaine
Par Julien-Pierre Nouen, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion,
Qu’il s’agisse de l’inflation brute ou de l’inflation sous-jacente, les chiffres de juin sont ressortis proches des attentes, à +0,3% et +0,2% en variation mensuelle. Pour autant, une analyse plus détaillée des données montre que des effets des droits de douane commencent à être visibles.
Certains prix sont en baisse comme ceux des voitures, tant neuves que d’occasion, ou ceux de certains services comme l’hôtellerie. La faiblesse des prix de l’automobile s’explique notamment par le retournement des ventes depuis le mois de mars. De nombreux acheteurs avaient anticipé les hausses de droits de douane et avaient ainsi amené les ventes de voitures neuves à leur plus haut niveau depuis 2021. Trois mois plus tard, les ventes de juin sont en baisse de 13%. Si l’on regarde les prix des biens hors voitures, ces derniers ont progressé de 0,6%, tirés notamment par les prix des biens d’équipement du logement et l’électronique. Il s’agit du rythme le plus rapide depuis 2022.

Les antennes régionales de la Fed ont mené des enquêtes sur la répercussion des droits de douane dans les prix des entreprises. Celles-ci concluent pour la plupart que ce processus devrait prendre quelques mois. Les composantes « prix » des enquêtes disponibles pour le mois de juillet restent d’ailleurs élevées. Par ailleurs, certaines entreprises ont pu faire le choix d’absorber ces premières hausses dans l’espoir d’un recul supplémentaire de l’administration américaine. Les derniers éléments connus sur les négociations en cours montrent que les droits de douane devraient s’établir finalement entre 15 et 20% en moyenne. Les prochains mois devraient donc continuer à refléter l'impact de cette hausse des droits de douane.
