Une opportunité d’achat sur les actions européennes ?

Par Aaron Barnfather, Managing Director, gestionnaire de portefeuille/analyste chez Lazard Asset Management

La hausse des prix de l'énergie pousse l'Europe vers la récession. L'incertitude crée de la volatilité sur les marchés, mais pourrait également se traduire par l’apparition d’un point d’entrée sur les actions européennes.

Une récession en Europe semble probable. En cause : l'invasion de l'Ukraine par la Russie, principalement. Compte tenu de la dépendance de l'Europe à l'égard du gaz russe, les prix de l'énergie jouent un rôle majeur dans l'inflation et pèse sur les perspectives de croissance future. Cette situation crée une volatilité sur les actions européennes qui, selon nous, se poursuivra à court terme, mais qui constituera ensuite un point d’entrée intéressant pour les investisseurs avant la reprise et le retour à la stabilité.

Les cycles économiques divergent désormais

La crise du gaz a un impact beaucoup plus fort sur l'économie européenne que dans les autres régions du monde. La composante énergétique contribue à hauteur de 3,7 points de pourcentage à l'inflation de la zone euro, contre 1,8 aux Etats-Unis. Les prix de l'énergie devraient continuer à affecter de manière disproportionnée l'inflation dans la zone euro par rapport aux États-Unis.

La hausse de l'inflation est un problème aux États-Unis, mais elle est surtout due à la force de la demande et à l’importante relance budgétaire qui a stimulé les revenus des ménages, les dépenses, mais aussi le coût du logement et l’inflation des salaires. Cette toile de fond devrait permettre à l'économie américaine de se maintenir à court terme, tandis que l'économie européenne est sur le point d’entrer en récession. Cela marque un point d'inflexion et une désynchronisation potentielle des cycles économiques qui ont été largement alignés depuis la crise financière de 2008. Cette divergence attendue commence à se répercuter sur les marchés actions. Depuis le début de l'année, l'indice MSCI Europe a enregistré un rendement de -22,2 %, contre -17,8 % pour l'indice S&P 500, et les investisseurs ont revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices en Europe. Bien que la volatilité puisse persister à court terme, nous pensons que celle-ci pourrait se traduire par une asymétrie intéressante à exploiter pour les investisseurs de long terme.

Comment l'Europe peut-elle sortir de cette crise ?

Il y a des raisons de penser que la récession européenne pourrait rester modérée. Le choc de l'offre sur les marchés de l'énergie est le principal moteur du ralentissement actuel. Or, avant la guerre en Ukraine, l'économie européenne bénéficiait d’une amélioration de ses fondamentaux. L'emploi était robuste, l'investissement en hausse et l'endettement des entreprises restait contenu. Pour faire face à la crise du COVID-19, l'Europe avait mis en place un vaste plan de dépenses budgétaires coordonné pour favoriser la reprise. Aujourd'hui, des réponses à la crise énergétique prennent également forme et, après un hiver difficile, devraient permettre à l'économie européenne de reprendre pied et de s'engager sur la voie de la reprise en 2023.

L'Allemagne est sur la bonne voie pour remplir ses capacités de stockage de gaz à hauteur de 90 % pour passer l’hiver. Les plans visant à rendre opérationnels les terminaux flottants de gaz naturel liquéfié ont également été accélérés. Ces terminaux, qui peuvent couvrir environ 8 % de la demande annuelle de l'Allemagne, devraient être mis en service d’ici la fin de l’année. La demande pourrait également se contracter dans un contexte de ralentissement économique. Ceci participerait à la stabilisation progressive des prix de l'énergie et du niveau de l'inflation, ouvrant la voie à une reprise de l'économie européenne sur des bases plus solides.

Des mesures fiscales ciblées (plans de relance, initiatives sectorielles spécifiques) pourraient permettre de créer un cadre favorable à une reprise économique. Des réponses budgétaires significatives ont d’ores et déjà été élaborées en Europe, notamment en Allemagne et en France, offrant un répit aux consommateurs en limitant le choc des prix de l'énergie à court terme. Le programme d'investissement « Next Generation EU », qui prévoit des prêts et des subventions pour moderniser l'économie de l'Union européenne, devrait également soutenir la croissance dans la région. La crise énergétique pourrait faire une partie du travail de la Banque centrale européenne (BCE) : la politique monétaire devrait en effet rester accommodante par rapport à celle de la Réserve fédérale (Fed) afin de ne pas entraver les perspectives de croissance à long terme, offrant des perspectives plus positives pour l'Europe. En outre, la BCE part d'une base plus faible en termes de relèvement des taux d'intérêt. Nous pensons qu'une approche plus accommodante de la politique monétaire sera favorable aux actions européennes ainsi qu’à la reprise économique (grâce aux conditions de financement comparativement plus favorables pour les entreprises qui investissent dans de nouveaux projets, tout en soutenant les prêts à la consommation).

La Fed a réagi au risque d'inflation et de surchauffe en relevant ses taux d'intérêt de manière plus agressive – une stratégie vouée à se poursuivre. Du fait de cette divergence, les États-Unis et d'autres économies pourraient basculer en récession lorsque l'Europe commencera à se redresser. À noter que les périodes de reprises économiques présentent souvent des opportunités d'achat intéressantes pour les investisseurs en actions, mais l'histoire a montré que ceux-ci doivent réagir rapidement pour tirer parti de la reprise.

L’ESG devrait garder le vent en poupe

Le choc énergétique russe a démontré l'importance de s'approvisionner en sources d'énergie sûres et renouvelables. Cela entraînera une augmentation des investissements dans les projets européens d'énergies renouvelables, dans les matériaux de construction durables et les véhicules électriques.

Nous pensons également que la participation croissante à l'initiative Net Zero Asset Managers devrait constituer un contexte favorable pour les actions européennes. Jusqu'à présent, 83 gestionnaires d'actifs, dont Lazard Asset Management, ont rejoint cet important engagement. 16 000 milliards de dollars (soit 39 % des encours sous gestion au niveau mondial) sont ainsi gérés dans le but d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Il reste une marge importante pour que d'autres gestionnaires rejoignent cet engagement et que les gestionnaires d’ores et déjà inscrits dans cette démarche augmentent le pourcentage d'actifs sous gestion alignés sur cette initiative. L'impact de cette initiative constitue un soutien structurel pour les entreprises européennes, qui bénéficient déjà de notations ESG élevées.

Opportunité d'achat

En somme, les investisseurs pourraient bientôt bénéficier d’un point d’entrée sur les actions européennes. Les cycles économiques et monétaires (en Europe, aux États-Unis et dans le monde) ont été largement synchronisés au cours des dernières années, mais nous pourrions désormais assister à une divergence, la crise énergétique faisant entrer l'Europe en récession avant d'autres économies comme les États-Unis.

Certains facteurs de marché, ainsi que les réponses budgétaires, devraient permettre à l'économie européenne de se remettre de la crise après un hiver difficile. Cela devrait se produire alors que d'autres économies entreront en récession, ouvrant la voie à une divergence des perspectives sur les marchés d'actions. Si cela se produit, nous pensons que le paysage de l'investissement pourrait être très différent au cours du prochain cycle.

Aaron Barnfather

Contact presse

Wim Heirbaut

Senior PR Consultant, Befirm

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